La Bioinformatique

(à l'usage des biologistes moléculaire)

Définition

On regroupe sous le terme de bioinformatique un champ de recherche multi-disciplinaire où travaillent de concert biologistes, informaticiens, mathématiciens et physiciens, dans le but de résoudre un problème scientifique posé par la biologie.

La bioinformatique est basée sur des concepts nécessaires à l'interprétation de l'information génétique (séquences), structurale (repliement 3D) et fonctionnelle (activité). C'est le décryptage de la « bio-information ». La bioinformatique est donc une branche théorique de la biologie.

Les analyses bioinformatiques permettent d'énoncer des hypothèses (ex. : comment les protéines se replient ou comment les espèces évoluent) et de formuler des prédictions (ex. : localiser ou fonction d'un gène).

Un 'bioinformaticien' n'est pas le simple croisement d'un biologiste et d'un informaticien (pas plus qu'un neurochirurgien n'est celui d'un psychiatre et d'un anatomiste). Ces TP viseront à découvrir et maitriser certains outils bioinformatiques couramment utilisés par le biologiste moléculaire. Adapter l'outil en fonction de la question et voir les limites de certains logiciels.

Le suffixe 'Informatique' doit donc être compris comme renvoyant à l'interprétation de 'l'information' biologique, et non pas à l'utilisation de l'ordinateur. L'ordinateur n'est qu'un outil permettant de faire des prédictions fonctionnelles et structurales.

Toutes ces prédictions sont basées sur deux fondements.

Importance du travail de paillasse

Les prédictions sont basées sur les résultats acquis l'invention de la biochimie et la découverte de l'ADN et de sa structure (il n'y a "que" 50ans).

Malgré la qualité des outils disponibles, toute analyse bioinformatique ne donne qu'une prédiction in silico, nécessitant une confirmation in vivo. La biologie à de nombreuses fois démontré qu'elle tolère toutes les exceptions.

Cette dernière décennie, un lourd investissement a entrainé une augmentation des capacités de production de séquences (voir chapitre Bases de données) mais la quantité de données expérimentales n'arrive pas à suivre cette vertigineuse ascension.

Evolution et Homologie

Toutes les prédictions bioinformatiques sont basées sur la recherche et l'existence de parentés entre biomolécules. Deux protéines possédant un ancêtre commun sont dites homologues, et possèdent et caractéristiques communes.

Le postulat de base, basé sur la théorie de l'évolution, veut que des protéines apparentées (dites homologues) possèdent des similarités au niveau de la séquence ADN, de la séquence protéique, de la forme de la protéine et donc fonction biologique. 

L'homologie est une propriété qualitative entre des protéines, elle n'est pas quantifiable. Des protéines ne sont pas très, moyennement ou faiblement homologue.

Horloge moléculaire

Des recherches ont permis de constater que le taux d'accumulation des mutations dans le génome d'organismes différents est du même ordre de grandeur dans des régions homologues (régions soumises à la même pression de sélection).

L'accumulation sera maximale pour des régions qui ne sont pas soumises à la pression de sélection naturelle (ne codant pas pour des gènes) et minimale dans les parties du génome soumises à une forte pression (c'est à dire les régions codant pour des fonctions essentielles à la survie de l'organisme).

Chaque séquence accumule les mutations à un rythme qui lui est propre et qui est dicté par l'intensité de la pression de sélection à laquelle elle est soumise. Pour reconstituer des phylogénies (dater la divergence entre deux espèces), on peut utiliser différentes molécules comme on utilise les aiguilles d'une montre pour calibrer l'horloge :

- la trotteuse des secondes (taux de mutation important, par exemple un pseudogène) pour des évènements récents (études des sous populations au sein d'une espèce) ;

- l'aiguille des minutes (taux de mutation moyen, par exemple le cytochrome C) pour l'analyse d'un passé proche ;

- l'aiguille des heures (taux de mutations faible : les histones) pour l'étude d'un passé lointain.

La vitesse d'évolution de la séquence est du même ordre de grandeur au sein d'une même classe fonctionnelle de protéines et elle est différente pour des protéines qui ont des fonctions différentes : la vitesse d'évolution de la sérum albumine est toujours plus importante que celle du cytochrome C. Ces différences de vitesse dépendent à la fois de la probabilité qu'une substitution apparaisse et de sa compatibilité avec la survie de l'organisme.

Si l'on admet cette théorie, et que l'on connaît le taux d'accumulation des mutations, il est possible d'estimer le temps de divergences d'espèces en comparant leur diversité moléculaire. 

Organisation de l'information d'une biomolécule

   
Structure primaire (ADN et protéine) :

La structure primaire est la séquence.  Elle correspond une succession linéaire.


Structure secondaire (ADN et protéine) :

La structure secondaire décrit le repliement local du squelette carboné. La structure secondaire vient du fait que des repliements énergétiquement interviennent localement au sein de la chaine nucléotidique ou peptidique.

Les séquences répétées inversées peuvent provoquer des conformations de type tête d'épingle (hairpin).

http://www.sciwrite.caltech.edu/journal03/A-L/imagesa-l/Ding_files/image023.jpg


Ces structures jouent entre autre un rôle dans la reconnaissance par des facteurs de réplication et de transcription.

Il existe de nombreuses structures secondaires au niveau protéiques classés en 3 grandes familles: les hélices, les brins ou feuillets et les coudes

Les hélices a:




Les feuillets B:

Image:Feuillet beta 1.jpg





Image:Feuillet beta 2.jpgLes coudes

Ils permettent les jonctions entre les hélices a et les feuillets B.

Structure tertiaire (Protéine seulement) :

C'est le repliement de la chaîne polypeptidique dans l'espace. On parle plus couramment de structure tridimensionnelle, ou structure 3D

Le concept de base veut une relation entre la structure et la fonction. La structure 3D d'une protéine est intimement liée à sa fonction: lorsque cette structure est cassée par l'emploi d'agent dénaturant, la protéine perd sa fonction: elle est dénaturée. La biologie structurale à montré que certains acide aminés sont beaucoup plus important que d'autre dans la conformation de la protéine. Ces acides aminés clés seront recherchés durant les TP  par accès à des banques de motifs, ils sont importants pour la prédiction de la fonction d'un gène et pour déterminer l'importance d'une mutation.

http://sgc.utoronto.ca/SGC-WebPages/StructureDescription/img/2F6I-triad-helixE.png



La structure tertiaire d'une protéine dépend de sa structure primaire. Ainsi, deux protéines homologues ayant une forte similarité de séquence (> 80 % des acides aminés identiques) auront également des structures très proches. La prédiction de la structure tertiaire a partir de la structure primaire est une des quêtes de Graal de la recherche actuelle.

La biologie structurale possède certaines limites influençant la structure des protéines déterminées: importance des interactions protéiques, contexte de la protéine (pH, Température, salinité, cofacteur, en présence du substrat, fixé à l'ADN...)

Durant ce TP vous aurez l'occasion de travailler sur des structures de protéines de leur mutants des maladies.

Structure quaternaire (Protéine seulement) :

La structure quaternaire des protéines regroupe l'association d'au moins deux chaînes polypeptidiques - identiques ou différentes - par des liaisons non-covalentes (liaison H, liaison ionique, interactions hydrophobes), et parfois des ponts disulfures.

Chacune de ces chaînes est appelée monomère (ou sous-unité) et l'ensemble oligomère ou protéine multimérique.

L'hémoglobine est un exemple de structure quaternaire ; elle est constituée de 4 sous-unités : 2 sous-unités α (de 141 acides aminés) et 2 sous-unités β (de 146 acides aminés).




Récap

Des recherches ont permis de constater que le taux d'accumulation des mutations dans le génome d'organismes différents