9/11

« On s’était dit rendez dans dix ans »

En ce jour de commémoration des dix ans de l’attentat du World Trade Center, les témoignages fleurissent sur l’ensemble des médias. Au moment de la mort de Mickael Jackson m’est apparu une d’appréhension de ce 11 septembre 2011, d’un débordement de mièvreries, d’une overdose médiatique pour cette date de souvenance qui devrait être empreinte d’humilité et d’introspection sur ce qu’il a changé en nous mais également dans le monde, plus que de commémorer bêtement un jour qu’on ne peut oublier dix années après.

Bien qu’en dix années les souvenirs s’estompent et la mémoire se brouille, nous gardons tous en tête des détails sur notre journée mais surtout les images des avions percutants les tours jumelles. En ce jour, une foule de journalistes étaient rivés dans le sud Manhattan pour nous faire suivre le déroulement de cette funeste journée. Pour ma part, j’étais encore  étudiant attendant la rentrée universitaire et la licence de Biochimie. Mais point d’oisiveté, occupé en 2×8 dans une usine sous-traitante de sièges automobiles fabriqués en flux tendu et expédiés vers une autre usine faisant l’assemblage des véhicules. J’avais en charge la réception des commandes de sièges, l’assignation à un  monteurs et l’organisation des chargements et départs des camions. Il fallait bien agencer les sièges afin qu’ils soient présentés dans l’ordre d’arrivage sur la chaîne de montage! Enfin passons, même si c’était certainement mon job étudiant le plus intéressant.

Cette semaine là, je bossais dans l’équipe d’après-midi, 13h-21h. Le hangar était presque coupé du monde, les journées rythmés par le bip-bip des camions effectuant une marche arrière pour s’aponter au quai de chargement. En cette journée, ces camions étaient notre lien avec le monde extérieur. Les chauffeurs disposant d’un autoradio étaient notre source d’informations. Des informations orales, partielles, approximatives et déformées qui ne laissaient pas entrevoir l’atrocité des images. Toute la journée, j’ai eu envie de voir  tellement ces informations paraissaient hallucinantes. Sur le trajet du retour à la maison, à vélo, j’maginais ces images. Une fois arrivé à la maison, ma première réaction fut d’allumer le téléviseur et de pianoter sur la télécommande le chiffre de la chaîne d’actualité en continue.

Ma mère m’a gentillement préparé et apporté un repas. J’ai tenté de manger mais, alors que j’étais affamé, la fatigue de la journée, le bouleversement induit par les images et l’horreur imaginée de ce qu’avait subit les personnes présentes dans les tours jumelles m’a coupé l’appétit. Lorsqu’on parle du 9/11, les premières images venant en tête des gens sont probablement le moment de l’impact de l’avion ou bien l’écroulement des tours. Pour moi, ce sont les images des personnes qui tentaient d’échapper à la fournaise en se défenestrant et les commentaires d’un pompier présent dans le hall du building annonçant qu’il ne pouvait sortir sur le parvis à cause du nombre de corps tombant du ciel et se disloquant sur le bitume. J’avais du mal à croire que j’étais devant la réalité. Non pas pour l’extrême imprévisibilité de ces événements mais par la mise en scène télévisuelle : tellement d’images, d’angles de vue et de montages complaisant. Toute cette matière visuelle ressemblait à un mauvais film catastrophe (américain) (d’ailleurs, les annonceurs auraient pu renoncer à gagner de l’argent sur toutes les tranches de pubs, mais c’est un autre sujet). J’ai du rester jusqu’à 2h du mat’ devant la boite à images, matraquage d’images mises en boucle par les chaînes d’information en continue. Je me suis couché avec une sorte d‘impression rétinienne, ces images continuant à défiler tout au fond de ma tête, avec la sensation que cette overdose d’images montrait mais ne permettait pas de comprendre.

Je ne me souviens que vaguement des jours suivants, seulement que le monde allait changer et que ces images continueraient à nous hanter pendant des années pour justifier ces changements. Après la surprise passée du « c’est pas possible ! », j’ai donc eu envie de connaître les causes de cette barbarie afin de mieux en comprendre les conséquences. Je me suis ainsi passionné pour la géographie, l’histoire et la géopolitique, de bons compléments à la biologie et à la physique pour essayer de comprendre un peu ce qui nous entoure.

Ce 11 septembre 2011 marque également les six mois du tremblement de Terre au Japon. Alors que des horreurs similaires (voir pires) venaient de se dérouler à travers le monde durant les années passées (Kosovo, Rwanda), ces génocides sont désormais presque oubliés… et pourtant le nombre de morts au Rwanda équivaut à l’attentat du WTC perpétré tous les jours pendant presque une année…

Loin des yeux, loin du coeur. Loin des caméras, loin des préoccupations…

2 commentaires

tiens, cette boite de siege auto, c’est pas celle là dans laquelle tu t’étais occupé un peut de l’informatique ??

perso, je sortai de cours, en passant devant la salle detente de l’internat j’ai vue du monde devant la tv (plus que la normal), je pensais voir un fake façon Orson welles… et ben non

Anatole Bocal

Sympa ton article souvenir.
Perso, je venais de me lever: « attendant la rentrée universitaire » lol je me souviens on passé des ptites soirées à Romo avec quelques chorocs du cru.
Là y’a Vince qui m’appelle, « regarde la télé… », une seule tour avait été touchée. On a eu droit au crash de la deuxième en direct live!

Quelques jours après, en rentrant à la fac, à l’arrêt de bus de « Joué-les-tours » quelqu’un avait écrit devant « ben bien ».

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