Les vainqueurs de l’IGEM, trophée annuel de biologie synthétique, sont des chercheurs de l’Université de Newcastle pour le projet BacillaFilla. Il est basé sur la modification d’une bactérie de l’espèce Bacillus subtilis, commune dans le sol. Cette bactérie a été transformée afin de remplir les interstices d’une fissure dans le ciment, causée par les violences quotidiennes ou par les tremblements de terre. On ne pense pas assez souvent à tout ce que peut subir ce cher béton, alors qu’il représente tout de même 5% des émissions de dioxyde de carbone anthropiques.

Les bactéries sont déposées dans la fissure et commencent à se multiplier. Afin de contrôler cette bactérie, les chercheurs ont créée une sorte de coupe circuit génétique afin que la multiplication n’intervienne qu’au pH précis du béton. Elles se multiplient jusqu’à occuper les plus fines anfractuosités de la brèche. Les bactéries « savent » alors que l’espace est rempli par un moyen de communication chimique nommé quorum sensing (et oui, les bactéries parlent!). Le message transmis induitun changement de environnement, certaines bactéries se transforment en filaments, d’autres synthétisent une sorte de colle bactérienne et les dernières se transforment en carbonate de calcium. Une fois durci, le matériau devient aussi solide que le béton, l’édifice a retrouvé sa résistance structurelle et prolongé sa durée de vie.

BacillaFilla est le genre de biotechnologie, croisé avec la science des matériaux, que nous verront de lpus en plus dans l’avenir. J’ai du mal à imaginer ce que va engendrer la révolution génomique dans les décennies à venir, mais voila en tous cas une bonne base pour une histoire de science-fiction où la bactérie se rebelle et commence à recouvrir la surface du globe de sa matière préférée, jusqu’à coloniser tout l’espace et finir par mourir de sa megalomanie. Ce n’est pas sans rappeler l’excellent La musique du sang de Greg Bear.
Source
Equipe BacilliFila l’Université de Newcastle
(avec photos en microscopie électronique)