Une limace de mer qui fait de la photosynthèse

Il y a un moment que je ne m’étais pas fendu d’un article sur de merveilleuses bébêtes… tout aussi féériques que ce que propose la littérature imaginaire. Voici donc l’occasion de revenir sur une publication parue l’année dernière.

Au sein des formes de vie plus complexes, l’évolution est représentée sous forme de d’un arbre du vivant imposant le transfert vertical du matériel génétique (des parents vers les enfants). Dans le monde des microbes, le matériel génétique est libre de se déplacer d’organisme en organisme. Cela s’appelle les transferts horizontaux. Le génie génétique permet au scientifique de prendre des gènes et de les transplanter manuellement d’une espèce à l’autre, c’est le principe de la thérapie génique. Jusqu’à présent, nous ne savions pas que la nature prenait également ce genre de liberté avec l’ADN.

Une limace de mer sournoise jette aujourd’hui ce paradigme par la fenêtre. Les biologistes marins ont d’abord pensé que Chlorotica elysia, une limace marine verte, siphonnait les chloroplastes des algues à proximité pour réaliser la photosynthèse, afin de produire de l’énergie à partir du soleil. En utilisant des radio-isotopes pour tracer les molécules de chlorophylle au cœur de la limace, les chercheurs ont découvert que la limace ne vole pas que les chloroplastes, mais synthétise également la chlorophylle avec ses propres processus internes.Green sea slug limace de mer Chlorotica elysia
Cette constatation signifie que la limace a non seulement acquis les pièces structurales et fonctionnelles des algues, mais également certains gènes responsables de la production de chlorophylle (Ce processus de transfert horizontal était jusqu’à aujourd’hui limité aux plantes et à quelques variétés de procaryotes). Si la nature exacte de ce transfert entre royaumes du Vivant n’est pas encore élucidée, le fait que l’évolution ai connecté deux grandes branches au sein de l’arbre du vivant à d’importantes implications.

D’une part, ce type de croisement génétique, bien que rare, puisse arriver en dans d’étroites symbioses comme celle-ci ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension de l’évolution. La seconde est que l’étude des mécanismes impliqués dans cette transformation génétique puissent conduire à de nouvelles techniques et de nouvelles façons de manipuler les organismes … nous ycompris!

2 commentaires

Ce serait amusant que le génome humain intègre des gènes lui permettant de faire de la photosynthèse. Mais vu la rareté des transferts horizontaux chez les eucaryotes, ça n’est pas près d’arriver.
A lire, cet article passant en revue les cas connus de transferts horizontaux chez les eucaryotes : Keeling and Palmer. Horizontal gene transfer in eukaryotic evolution. Nat Rev Genet (2008) vol. 9 (8) pp. 605-18

Je voulais justement faire réagir les adeptes de science-fiction sur la possible capacité de photosynthèse des humains dans le futur…
Ces transfert horizontaux montrent en tous cas l’importance des virus et des transposons dans l’évolution et la spéciation… ainsi que la contribution du junk DNA dans les mécanismes de recombinaison permettant la capture de ces éléments!

Merci pour la ref., il me semble l’avoir déjà  lue. C’était dans une special issue sur les HGT?

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